The Jewish Mother 1989-2005
My children escaped the stereotypically, smothering gaze of the Jewish mother granting me licence to stare. Periodically unencumbered by worry, I entered their childhood universe; the delicate Barbie world of my daughter, the rebellious, adolescent angst of my eldest and the quiet reserve of my youngest son. This allowed me countless opportunities to stand back and hover over them in a shroud of invisibility. To compensate for my distracted mind my children had the privilege of being born in Israel where they had involuntary access to an endless barrage of Jewish mothers. Passers-by had no pretence of politesse; boldly patting my tummy “you’re having a boy” (it was a girl), “He needs a hat” (he was blond), “she cries ‘cause she’s hungry” (she had a fever). An entire country of random, baby experts, literally EVERYWHERE I WENT. Overbearing mothers, not even my own, smothering me with unsolicited advice at any time, around any corner.
It was this stereotype I was curious to challenge, shifting the lines of obsession: I would be passive in silent distance, aggressive in my omnipresence. Rather than hovering over my children, I would hover over those banal, overlooked moments that constitute their lives.
As a silent observer I noticed that the family domain is a type of war zone. There is the sibling bickering, crying and whining, clutching toddlers with dirty hands. The transport of limp, lifeless bodies from sleepy car rides to cold, dark, empty beds. Endless piles of used wet wipes from cleaning sticky fingers, dirty faces and soiled tushies. Car sickness, vomit, chicken pox, ear infections, allergies, skin diseases, stubborn head lice, runny noses, bloody noses, diarrhea and countless boxes of band-aids covering real and imaginary wounds. Then, there is the issue of the friends, not to mention the parents of those friends. All part of the motherhood package, impossible to articulate in an effective warning.
There are immediate demands for candy when the phone rings, which is when the television turns itself on followed by arguing amongst the siblings about what to watch. Secret excursions into my make-up drawer bear the fruits of lipstick art installations in the bathroom, a travelling exhibition. In general, dirty laundry is never just a single wash load but a mountain of clothing and a constant hum of sloshing water, 24/7 . The very notion of a full nights sleep, uninterrupted by requests for water or cookies, is inconceivable.
Family photographs traditionally depict the happiest birthdays, unforgettable weddings, joyous graduations of many kinds. We’ve all seen the yearly family outings, everyone always jolly in the picture at the final destination but, there are never any photographs of the car ride there.
These are the pictures of the car ride there.
La Mère Juive
Mes enfants ont échappé au regard étouffant typique de la mère juive, m’autorisant ainsi à les scruter. Je suis entrée dans leur univers d’enfant : le délicat monde de Barbie de ma fille, l’angoisse existentielle et rebelle de mon fils aîné, le silence réservé de mon cadet. Cela m’a donné d’innombrables occasions de les observer, les surplomber depuis un nuage d’invisibilité.Pour compenser ma distraction, mes enfants ont eu le privilège d’être nés en Israël où ils sont tombés malgré eux sur d’incessants barrages de mères juives. Les passantes ne se perdaient pas en politesses. Tapotant sans vergogne mon ventre, elles déclaraient : « C’est un garçon » (c’était une fille), « Il a besoin d’un chapeau » (il était blond), « Elle pleure parce qu’elle a faim » (elle avait de la fièvre). Toute une nation d’expertes en bébé, littéralement PARTOUT OÙ J’ALLAIS. À tout moment, à chaque coin de rue, des mères dominatrices, (même pas la mienne), m’envahissaient de conseils non sollicités.C’est ce stéréotype que j’ai cherché à interroger, en faisant bouger les lignes obsessionnelles : je serai passive par ma distance silencieuse, et agressive dans mon omniprésence. Plutôt que de surplomber mes enfants, je surplomberai les moments banals et insignifiants qui constituent leurs vies.
De mon poste d’observatrice silencieuse, j’ai remarqué que la vie de famille était une zone de guerre.
Il y a les disputes entre frères et sœur, les pleurs, les couinements, les petites mains sales qu’on attrape. Les corps lourds et inertes qu’on transporte des banquettes arrières de voiture aux lits froids.
Les piles intarissables de lingettes salies par les doigts collants, les visages sales, les fesses souillées.Les mal au cœur, vomi, rougeole, otites, allergies, maladies de peau, poux têtus, nez qui coulent, nez qui saignent, diarrhées, montagnes de boîtes de pansement pour plaies réelles et imaginaires.
Il y a aussi la question épineuse des amis – et des parents des amis. Le package complet de la vie de mère, qu’aucun avertissement ne peut décrire efficacement.
Il y a les exigences immédiates de bonbons au moment où le téléphone sonne, où la télévision s’allume et où les frères et sœurs se disputent sur quoi regarder. Les expéditions secrètes dans mon tiroir à maquillage, qui amènent l’art au rouge à lèvre dans les salles de bain – une exposition itinérante. Le linge sale. Pas une machine, mais une montagne de vêtements, et le brassement continu de l’eau, 24 heures sur 24. Et la notion envolée d’une pleine nuit de sommeil, ininterrompue par une soif d’eau ou de gâteau.
Les photos de famille nous montrent les anniversaires heureux, les mariages inoubliables, les joyeuses remises de diplômes en tout genre. Nous avons tous vu ces grandes sorties familiales, où, une fois sur place, tout le monde est souriant sur la photo. Mais il n’y a jamais de photo du trajet en voiture.
Ces images sont celles du trajet en voiture.
Hally Pancer
Paris 2020
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